« Écout’Action » : un projet pilote innovant au service de la paix
En septembre dernier, le Centre de formation sociale Marie-Gérin-Lajoie a lancé le projet « Écout’Action pour un bon voisinage ». Il s’agit d’un service d’accompagnement innovant pour soutenir la gestion et la résolution de conflits.
Ce service s’adresse aux aînés et aux familles vivant en milieu HLM. À travers ce projet, le Centre de formation sociale Marie-Gérin-Lajoie (CMGL) a à cœur de renforcer le pouvoir d’agir des résidents, et de les aider à développer leur autonomie et leur capacité à aborder plus sereinement les situations conflictuelles vécues dans leur milieu de vie. Le service offre, aux personnes qui en font la demande, un accompagnement individuel, personnalisé, confidentiel et gratuit, avec la possibilité de 1 à 5 rencontres. Le service, qui a débuté en septembre 2017, sera opérationnel jusqu’en juin 2018, avec, comme objectif, d’être pérennisé. Pour l’instant, seuls les résidents des HLM du Plateau-Mont-Royal, de Parc-Extension et éventuellement de Ville-Marie ont accès à ce service. Le Centre de formation sociale Marie-Gérin-Lajoie souhaite pouvoir le faire rayonner au sein des autres quartiers de Montréal, au regard tant de la demande que des besoins qui existent, en matière de gestion et de résolution de conflits en milieu HLM.
« Vous avez dit innovant ? »
En quoi ce service d’accompagnement se démarque-t-il des autres services offerts en résolution de conflits ? Son caractère innovant et véritablement avant-gardiste repose sur deux aspects : la forme et la structure du service, d’une part, et l’approche utilisée, d’autre part.
L’expertise du CMGL en matière de médiation permet de poser le constat suivant : la majorité des cas n’aboutissent pas à une médiation, et ce, pour diverses raisons. Ecout’Action est né de ce constat, dans l’optique de répondre au mieux, aux besoins des bénéficiaires (en matière d’accompagnement et d’outils concrets) et de mieux considérer leur réalité.
L’approche qui guide l’intervention au sein du projet Écout’Action, s’inspire des principes de la communication NonViolente (CNV), fondée par Marshall Rosenberg. La CNV, appelée aussi « communication consciente » ou « communication empathique », place en son cœur l’apprentissage et le développement de l’empathie, par le biais d’outils et de techniques concrètes. L’empathie est cette faculté qui permet de se relier à ce qui est « présent » en soi (auto-empathie), afin de pouvoir pleinement se relier à ce qui est « présent » chez l’autre (empathie), en termes de ressentis corporels, d’émotions/sentiments et de besoins.
La CNV est bien plus qu’une simple méthode de résolution de conflits ou de communication. Il s’agit d’une philosophie pacificatrice, combinant un langage, une manière de penser, un savoir-être et un savoir-faire propres. Elle conduit à la prise de conscience des conditionnements présents dans notre manière de penser et d’agir, et aide à s’en départir. Elle nous amène à prendre conscience que toute maladresse, souffrance, mal être ou violence extériorisés, sont en fait le fruit de notre maladresse, souffrance, mal être ou violence intérieures, qui découlent de nos besoins insatisfaits.
En effet, selon son créateur, Marshall Rosenberg, « tout conflit est l’expression tragique d’un besoin insatisfait. » (2006, p41).
La prise de conscience dans la dynamique du conflit, de l’importance de la dimension « besoin », tant au sein de la communication avec soi que de celle avec l’autre, permet aux bénéficiaires du service de développer autonomie et reprise de pouvoir dans leur vie. Le service Écout’Action peut ainsi être considéré comme une alternative en matière de résolution de conflits.
« Vous avez dit au service de la paix ? »
Cette compréhension de la notion de conflit, axée sur la dimension « besoin », renvoie à l’humanité de chacun, en raison de son caractère universel et fondamental. Ce rappel de l’humanité de chacun est alors un pont vers la paix, en termes de bien-être et d’harmonie à l’égard du lien avec Soi et du lien avec l’Autre. Cela nous incite à adopter une perspective humaniste, compréhensive et dénuée de jugement.
Cette compréhension de la notion de conflit nous conduit alors à nous départir du clivage moralisateur binaire entre le bien et le mal, afin de voir l’Homme au-delà de ses actes.
Une telle finalité nous apparaît comme un impératif au regard des considérations humaines, qui nécessitent de placer l’Humain au cœur des systèmes, pour davantage de paix et d’harmonie sociale.